Jusqu’à présent, nous n’avions que des preuves de ce à quoi ressemblait l’espace dans le passé : une fois que la lumière rebondissait ou était envoyée par les orbiteurs et les atterrisseurs qui l’exploraient et qu’elle voyageait jusqu’à la Terre. Sur Mars, par exemple, en fonction de la position relative des deux planètes en orbite autour du Soleil, cela peut prendre de 3 à 22 minutes. Il n’y a donc pas d’informations en direct, car nous sommes limités par la vitesse de la lumière sur de grandes distances. Jusqu’à présent, parce que l’ESA (Agence spatiale européenne) va nous permettre de voir Mars “en direct”.
La plupart des observations et des données recueillies par les engins spatiaux sont effectuées pendant les périodes où ils ne sont pas en contact direct avec l’antenne d’une station terrestre. Soit pour des raisons géométriques, par exemple de l’autre côté du Soleil ou de Mars, soit parce que l’antenne du vaisseau spatial s’éloigne de la Terre lors de la collecte des données scientifiques. Aujourd’hui, à partir de 18h00 CET et pendant une heure, l’ESA diffuse sur YouTube des images en provenance directe de Mars : la plupart d’entre nous ne seront jamais aussi près de fouler le sol martien.
Normalement, la caméra de surveillance visuelle de Mars Express télécharge tous les deux jours une nouvelle série d’images, les traite et les met à la disposition du monde entier. Mais aujourd’hui, pour célébrer le 20e anniversaire de Mars Express de l’ESA, nous aurons l’occasion de nous approcher au plus près de Mars. Des images nous parviendront toutes les 50 secondes environ de la caméra de surveillance visuelle (VMC) embarquée à bord de l’orbiteur martien.
La VMC n’est pas la seule caméra à bord de Mars Express. Il y a une “caméra scientifique” : la High Resolution Stereo Camera (HRSC), qui fournit régulièrement des images couleur haute résolution de la surface. La caméra de surveillance visuelle de Mars Express, appelée Mars Webcam, n’était pas prévue pour ce type de mission et a dû être adaptée pour cet anniversaire. L’équipe de l’ESA a passé les derniers mois à développer des outils qui permettraient de diffuser en direct, pendant une heure, des images de meilleure qualité ayant fait l’objet d’un traitement scientifique.
Il s’agit d’une vieille caméra, prévue à l’origine à des fins d’ingénierie, à une distance de près de trois millions de kilomètres de la Terre”, explique James Godfrey, responsable des opérations spatiales au centre de contrôle des missions de l’ESA. Elle n’a jamais été testée auparavant et, pour être honnête, nous ne sommes pas sûrs à 100 % qu’elle fonctionnera, mais nous sommes assez optimistes. Normalement, nous voyons des images de Mars et nous savons qu’elles ont été prises quelques jours auparavant. Nous sommes impatients de voir Mars telle qu’elle est aujourd’hui, ou du moins aussi proche que possible d’une planète martienne.